Intégration de l'économie circulaire au sein d'une école d'architecture

Le regard des architectes sur les politiques d’économie circulaire appliquée au bâtiment

Détails du projet

  • Nature du projet :
  • Périmètre : MGP
  • Localisation : 14 rue Bonaparte, 75006 Paris
  • Date de début : février 2018
  • Date de fin : mai 2018

Piliers de l‘économie circulaire

  • Allongement de la durée d'usage
  • Consommation responsable
  • Recyclage
  • Eco-conception
  • Economie de fonctionnalité
  • Ecologie industrielle et territoriale
  • Approvisionnement durable
Description

Dans le cadre d'un enseignement dispensé à l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais, il s’agit d’inciter les élèves architectes à réfléchir et à interroger les sept piliers de l’économie circulaire. Ces politiques, dont on observe actuellement la généralisation à tous les secteurs de l’économie, risquent d’avoir un impact important sur la pratique architecturale et de modifier en profondeur les règles et les habitudes en matière de conception, de prescription de matériaux et de responsabilité envers les ouvrages qui, une fois livrés, devraient être accompagnés tout au long de leur vie en œuvre jusqu’à leur fin de vie.

Résultats qualitatifs et chiffres clés

C’est pourquoi, il convient de sensibiliser les futurs architectes à ces nouveaux principes de production du cadre bâti, tout en cherchant à les impliquer à un niveau plus théorique, hors de la seule sphère productive (éco-conception), afin de faire évoluer ces modèles de circularité. Les urbanistes et les aménageurs commencent, pour leur part, à prendre en compte la dimension territoriale des flux de matières dans leurs analyses et une écologie territoriale est en train de se constituer en champ de recherche (Barles ; Buclet). Certains tentent dans ce sens de scénariser la circularité de la matière et de spatialiser les impacts sur le métabolisme urbain à une échelle infra-urbaine (celle d’une opération d’urbanisme), afin de mieux intégrer dans les raisonnements le facteur humain, conditionnant l’ensemble des échanges[1].

En revanche, la réflexion sur les échelles temporelles de ces boucles de circularité fait encore défaut. Ces chaînes de transformation de la matière sont-elles à considérer à l’échelle du siècle ? De quelques décennies ? Ou bien en deçà ? Selon le rythme de la circularité considéré, les impacts sur la gestion des ressources peuvent différer totalement.


[1] Mathieu Fernandez, Corinne Blanquart, Éric Verdeil, « Économie circulaire et métabolisme urbain. Application au cas de la zone des Ardoines », journée d’étude du réseau international Économie circulaire Montréal - Paris - Bruxelles, Université de Montréal, 14 octobre 2016.

Lorsqu’elle est appliquée au domaine du bâtiment, l’économie circulaire reste principalement dominée par la pensée de l’ingénieur, dont les outils et les modèles –  tels que les analyses de cycles de vie, l’examen des flux entrants et sortants de la ville (métabolisme urbain), etc. – sont décontextualisés et ne permettent pas d’aborder ces domaines d'activité de manière critique comme un phénomène social, technique, environnemental et, plus fondamentalement encore, territorialisé et temporalisé.

Historique et perspectives du projet

Dans certains discours d’économie circulaire appliquée au bâtiment étudiés au cours du semestre, nous avons constaté que cette boucle pouvait être conçue comme assez courte. Les auteurs défendant cette approche, expliquent que de plus en plus d’ouvrages – tous parcs immobiliers confondus (d’entreprise et de logement) – sont exposés à une obsolescence croissante et qu’il devient stratégique, du point de vue de la gestion des ressources et des déchets, de faciliter et d’améliorer l’adaptabilité, la réversibilité et le recyclage de ces édifices. Selon cette perspective, la démontabilité, la déconstructibilité et la séparabilité des éléments sont à penser dès la conception, pour que les matériaux puissent être recyclés ou réemployés.

Les effets pervers de cette circularité à rythme soutenu semblent nombreux, mais rarement évoqués ou étudiés (Arnsperger ; Bourg, 2016). Pourtant, nous savons que le recyclage dans le secteur du bâtiment est imparfait et qu’il ne pourra constituer à lui seul une réponse à l’épuisement des ressources et à l’élimination des déchets du bâtiment. En outre, en créant une filière de recyclage plus performante, le risque n’est-il pas, ensuite, d’avoir à la maintenir, en garantissant un niveau de flux de matériaux suffisant pour conserver les emplois créés et assurer la dynamique de ces entreprises, autrement dit de favoriser le développement d’une architecture jetable (dite éco-conçue) pour répondre aux besoins du secteur du recyclage et du réemploi ? Paradoxalement, encourager les filières de recyclage pourrait mener à considérer qu’une fraction de la production bâtie est d’emblée « irrécupérable » sur le plan spatial et architectural.

Faut-il à l’inverse inscrire la circularité dans une pensée du long terme, selon laquelle la ville se renouvelle sur elle-même, à souffle plus ou moins court selon les conjonctures ? Aborder l’économie circulaire selon cette échelle temporelle conduit à renouer avec un champ de la recherche architecturale et urbaine constitué de longue date, où le changement et la continuité ont fait l’objet de nombreuses spéculations et d’approfondissements. Pour leur part, les architectes ont à questionner la mise en échec actuelle de toute dialectique de réhabilitation et de reconversion, que d’aucuns considèrent comme inhérente au processus de renouvellement urbain. Ainsi, dans le cadre d’une politique d’économie circulaire, déconstruire devrait être un acte autant régulé que celui de construire. Vouloir limiter la production de déchets et le prélèvement des ressources implique de faire de la fin de vie d’un édifice un moment de débat contradictoire, pour lequel les intérêts privés devraient s’arrêter là où commence l’intérêt général.

Domaines d’activités

  • Construction
  • Déconstruction
  • Recyclage
  • Culture

Ressources

  • Matériaux de construction
Mise en oeuvre

Partenaires

  • ENSA Paris-Malaquais

Moyens techniques et méthodologies

3 heures de cours et de TD hebdomadaires

Étude documentaire des politiques d'économie circulaire appliquée au bâtiment

Moyens humains

Mathieu Fernandez
Conférence de Mathieu Fernandez (Université Paris-Est Marne-la-Vallée), intitulée "Approche du métabolisme urbain. Histoire - sol - urbanisme - architecture"

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