Vers une logistique métropolitaine au service de l’économie circulaire


Pour une gestion optimisée des ressources, l’économie circulaire appelle à revoir nos modes de production et de consommation, mais aussi les chaines d’approvisionnement qui les sous-tendent.
La logistique peut se définir comme le pilotage des flux physiques (transport et stockage de biens et matières) par les flux d’informations.


Quels enjeux logistiques pour la métropole ?


La logistique en ville, ou transport de marchandises en ville, concerne donc le transport et le stockage des matières, mais aussi l’organisation de la chaine d’approvisionnement. Indispensable à la vie et au développement du territoire, la logistique est fortement contrainte par l’aménagement de ce dernier (infrastructure, foncier…) et les règlementations qui s’y appliquent. Dans le même temps, la logistique urbaine produit environ 30% des émissions de gaz à effet de serre des transports urbains, et contribue également aux nuisances sonores et à la congestion de la voirie.

La logistique des métropoles est particulièrement constituée des flux engendrés par la consommation, avec l’acheminement et la distribution de produits aux points de ventes et aux particuliers d’une part, et l’évacuation des déchets liés à la consommation d’autre part.

Le transport de biens et marchandises peut être effectué par des professionnels pour « compte d’autrui » (45 %), ou en « compte propre » (55 %). Cette catégorie concerne les entreprises et commerces acheminant leurs propres biens, mais également les déplacements d’achats des particuliers. Celle-ci est particulièrement sous optimisée : par kilo de marchandise déplacée, une livraison massifiée par camion est nettement moins polluante qu’un approvisionnement du particulier en voiture.


Figure 1 : Vue aérienne d'un port parisien, source Haropa


Quelle logistique demain dans une métropole circulaire ?


La transition vers l’économie circulaire implique un bouleversement de ces flux : en effet, de nouveaux services logistiques sont indispensables au passage à l’échelle de l’économie circulaire.


Vers le consommateur : des flux complexes à traiter
 

Pour favoriser la réparation, celle-ci doit être rendue accessible au consommateur, avec une facilité d’envoi du produit. Il faut également approvisionner les services de réparation en pièces détachées. Il en va de même pour le réemploi ; un des freins majeurs à sa généralisation est la difficulté de trouver le produit que l’on cherche et de le récupérer. Un bon référencement des « stocks » éparpillés, et des services de livraison d’une ressourcerie au particulier, ou d’un particulier à un particulier doivent être développés.


D’autres secteurs doivent repenser leur logistique
 

Les flux du BTP impliquent un volume majeur pour la Métropole du Grand Paris ; le dynamisme de son renouvellement urbain ainsi que les grands projets (Grand Paris Express, Jeux Olympiques) y contribuent. Un réemploi des matériaux du BTP, du second œuvre aux terres d’excavation, permettra de réduire les impacts liés aux transports longue distance des pondéreux. Cela implique des plateformes logistiques de tri, voire de retraitement ou de réparation de ces matériaux, insérés dans le tissu urbain.


Repenser la logistique de proximité
 

Evoluer vers une alimentation plus durable implique également de se tourner vers une alimentation plus locale, et de saison. Cependant, la logistique des circuits courts doit être optimisée afin de réaliser des économies d’échelle.


Améliorer l’impact de la logistique avec l’économie circulaire


Le boom du e-commerce ( plus de 10% de croissance en 2019) a d’ores et déjà modifié durablement la logistique urbaine, avec une multiplication des points et des horaires de livraison : d’une livraison massive en magasin, on passe à la livraison d’articles multiples, souvent multipliée par les rendez-vous manqués. Les principes de l’écologie industrielle et territoriale peuvent s’appliquer, avec une mutualisation des moyens de transports, ou une mutualisation des plateformes logistiques
Plusieurs entreprises peuvent utiliser une même plateforme au cours de la journée (comme l’hôtel logistique urbain de La Poste à Bordeaux)
Des entreprises du BTP peuvent co-créer une plateforme temporaire de stockage et traitements de flux du BTP, entrants et sortants (telle que la plateforme Noé à Bordeaux)


Figure 2 : Premier hôtel logistique urbain à Bordeaux, Source : Groupe La Poste


Les collectivités ont également un rôle important à jouer. En premier lieu, elles peuvent adopter des réglementations favorisant les acteurs vertueux, par exemple en offrant des plages de livraison plus étendues aux opérateurs équipés de véhicules moins polluants. En deuxième lieu, elles peuvent aménager des infrastructures de livraison adaptées. Aujourd’hui, environ la moitié des livraisons se font sur un emplacement autorisé (aire de livraison, rue piétonne aux horaires autorisés, etc.) ; l’autre moitié s’effectue sur le trottoir et en double file, ce qui s’explique par le manque d’aires de livraison et leur mauvaise utilisation.

Cependant, les aires de livraisons ne sont pas occupées une grande partie de la journée : des zones mixtes (aire de livraison à certaines heures, parking à d’autres) sont ainsi une piste d’utilisation optimisée de l’espace urbain.
Si la collecte des déchets par les collectivités (pour les déchets ménagers et assimilés) et par des professionnels (pour les entreprises et organismes) s’est améliorée au cours de ces dernières années, le basculement vers une part plus importante de déchets triés pour le recyclage, et en particulier la collecte séparée des biodéchets, appelle à une amélioration constante de la collecte. Ainsi les parcs de véhicules sont de moins en moins polluants, et s’adaptent aux flux traités et zones desservies. Une meilleure connaissance des données, avec les outils numériques, permet d’optimiser les tournées.

Enfin le report modal peut présenter des gains environnementaux importants. Ainsi, le fret ferroviaire et le transport fluvial sont adaptés au transport massif de marchandises lorsque la desserte est optimisée.

 

 


Autres priorités


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